opinion du MOYEN-ORIENT (El Hayat) - Comme des enfants trop gâtés

Qui aurait cru que l’un des plus beaux et des plus riches pays du monde se mette à avoir peur de tout ce qui vient de l’extérieur ? Que son peuple soit tellement gâté qu’il refuse l’ouverture et la compétition ? C’est qui se passe pour la majorité des Français, qui ont rejeté la Constitution européenne. Ce texte devait apporter plus d’efficacité démocratique et offrir à l’Union un meilleur processus de décision dans les domaines du travail, de la croissance, de la recherche scientifique, de la concurrence, de la politique étrangère, du terrorisme, de l’environnement… La France prétend être universaliste, mais son refus de la Constitution signifie qu’elle se refermera sur elle-même. Certains pensent que cela les mettra à l’abri de la compétition. Mais aujourd’hui, aucun pays ne peut se mettre à l’écart des autres. D’autant plus que les exportations sont la source de la richesse française.

Comment comprendre qu’un pays riche qui est la cinquième puissance économique mondiale refuse les réformes et s’accroche à ses acquis sociaux, alors que son peuple est le plus gâté d’Europe ? Comment comprendre qu’aucun parti politique, qu’il soit de gauche ou de droite, ne puisse envisager des réformes parce qu’il ne faut pas toucher aux énormes et onéreux acquis sociaux ? Ce peuple, qui travaille moins que d’autres, est descendu dans la rue pour protester contre l’abrogation d’un jour férié qu’avait décidée le gouvernement afin de réunir l’argent nécessaire à l’amélioration du sort des démunis. La France des TGV, la France des arts, des musées, de la culture et de la recherche, se paie le luxe d’une crise, à l’image d’un gosse de riche qui a tout mais qui est déçu de lui-même.